UN CHANGEMENT DRASTIQUE DANS LE STOCKAGE DES DÉCHETS NUCLÉAIRES DE FAIBLES ACTIVITÉS?

 

CATHERINE MERCAT et C. LAMOUROUX, chercheuses à ORANO, ont publié dans la revue “RADIOPROTECTION“ (2018, 53(4),p249/254)
l’article suivant:

 

“Évaluation des stratégies de gestion des déchets faiblement radioactifs au regard des critères MTD “meilleur technique disponible“
Dans leur introduction les auteurs rappellent l’état des lieux: “ En 2016, les déchets très peu actifs (TPA) représentaient 31,3%du volume total des déchets radioactifs déjà produit (soit 482000m3) pour 0,0001% de la radioactivité totale des déchets radioactifs français (ANDRA 2018).
Les prévisions de volume annoncent 650000m3 à la fin 2020, plus de 1 million de m3 fin 2030 et plus de 2 million de m3 à la terminaison (selon les décisions actuelles de fonctionnement des installations nucléaires françaises) alors que la capacité de stockage existante est seulement de 650000m3. Il y a donc de forts enjeux pour optimiser la gestion de ces volumes de déchets et rechercher des solutions alternatives (IRSN 2016)“

L’article décrit les 12 critères de comparaison en comparant les 2 stratégies de gestion des déchets TFA  (stockage sur site versus stockage CIRES de l’ANDRA. Dans leurs conclusions, les auteurs écrivent:

“Au final, même si la méthodologie de détermination des MTD dans le domaine de la gestion des déchets n’apparait pas comme parfaitement adaptée à un objectif de comparaison de stratégies de gestion des déchets, l’interprétation qui se dégage de cette évaluation est que, au regard des critères d’évaluation des meilleurs techniques disponibles, la stratégie de gestion par stockage sur les sites de production est mieux notée au regard de ses performances environnementales que la stratégie d’envois des déchets vers la filière agréée.“

Cet article nous inspire 2 réflexions:
1- UNE HYPOTHÈSE: les achats de terrains récents autour des centrales est peut être destiné à recevoir ces déchets TFA de grands volumes plutôt qu’à l’implantation de nouveaux réacteurs EPR?
2- Le problème central de ces déchets nucléaires de faibles activités est la contamination des sols et au delà des nappes phréatiques, ce qui nous interpelle en tant qu’agent de santé. multiplier les stockages actuels de l’ANDRA, c’est multiplier les possibilités d’une telle pollution.
Civils ou militaires, les déchets nucléaires reste un sujets central pour notre avenir, il est incontournable en santé publique.

Fort rejet radioactif en octobre 2017, enfin reconnu en Russie, probablement près de Mayak, où s’est produit une catastrophe nucléaire militaire, classée au niveau 6, en septembre 1957.

Source : ACRO : association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest.

  • La Russie reconnait être à l’origine de la fuite, 20 novembre
  • La Russie tente de rassurer, 24 novembre

L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) vient d’annoncer que les traces de ruthénium-106, élément radioactif, détectées en Europe occidentale en septembre dernier, étaient probablement dues à un rejet massif, de l’ordre de 100 et 300 Téra becquerels, quelque part « entre la Volga et l’Oural sans qu’il ne soit possible, avec les données disponibles, de préciser la localisation exacte du point de rejet. »

L’Institut ajoute que « les conséquences d’un accident de cette ampleur en France auraient nécessité localement de mettre en œuvre des mesures de protection des populations sur un rayon de l’ordre de quelques kilomètres autour du lieu de rejet. »

Toujours selon l’IRSN, le rejet aurait eu lieu au cours de la dernière semaine du mois de septembre 2017 et serait terminé......

Origine du rejet

En cas de rejet provenant d’un réacteur nucléaire, divers radioéléments sont détectés. Ici, comme le ruthénium-106 et le rhodium-106 sont les seuls radioéléments à avoir été mis en évidence, l’origine ne peut pas être un réacteur nucléaire. En revanche, ce peut être le rejet accidentel d’une installation de traitement des combustibles usés ou de fabrication de sources radioactives.

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QUI SE CACHE DANS LA FORÊT DERRIÈRE L’ARBRE “CÉSIUM“ ? Un exemple : le CERIUM 144.    Janvier 2017.         par le Dr A.BEHAR

 

Il existe une montagne de publications scientifiques et autres sur le radionucléide “CÉSIUM 137”. Il n’est pourtant qu’un parmi les centaines d’isotopes produits, et pas le plus toxique, lors d’une explosion atomique ou dans les rejets des centrales nucléaires. De fait, tout se passe comme si le césium 137 n’est “ qu’un arbre qui cache la forêt“.

Les raisons pragmatiques ne manquent pas eu égard à sa très facile détection avec son émission gamma de 662 KeV, sa demi vie idéale de 30 ans, ce qui laisse le temps de le trouver, son extraordinaire mobilité dans le sol et l’eau et son incorporation remarquable dans les végétaux comme les champignons. Il a donc tout pour plaire d’où son éligibilité comme témoin de la radio contamination. Mais pour nous médecins cela ne nous satisfait pas car il n’est pas aussi abondant que le strontium 90 bien plus dangereux avec sa fixation longue sur les os, et surtout il éclipse les centaines de radiotoxiques autrement plus redoutables (comme le plutonium, l’américium, etc.).

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Qui se cache derriere la forêt Césium.[...]
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LES INCENDIES DE FORÊT RADIOACTIVE, un exemple : GOMEL (BELARUS) par A.BEHAR

Qu’ils s’agissent des accidents nucléaires militaires comme à MAYAK (Sibérie), des séquelles des essais nucléaires dans le monde, ou par la suite des accidents nucléaires civils comme Tchernobyl, une grande instabilité s’installe. Au gré des saisons, du moindre évènement naturel (pluie, glissement de terrain, etc.) il y a une redistribution de la “rémanence“ des radionucléides à vie longue sous forme d’un changement des concentrations en surface des radio éléments. Surtout, les zones interdites vidées de leurs populations restent à l’abandon, les habitants étant repoussés à la périphérie, (avec une contamination jugée compatible avec une vie normale). Les forêts ne sont plus entretenues, et de nombreux incendies se déclarent comme pendant la préhistoire. Ce fût le cas en 2003 autour de la zone des essais soviétiques à SEMIPALATINSK (Kazakhstan), de même autour des zones des essais nucléaires des USA, à HANFORD et LOS ALAMOS.

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DÉCHETS NUCLÉAIRES ET SANTÉ photos.do[...]
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DÉCHETS NUCLÉAIRES ET SANTÉ : RETOUR AUX FONDAMENTAUX.

Par A.BEHAR

 

RÉSUMÉ : Les déchets nucléaires, quelque soient leurs étiquetages, sont en constante augmentation, surtout ceux dits de faible activité mais à vie longue. Ils passeront à 2,7 millions de m3 en 2030 et dépasseront largement les 2 Kg actuel par habitant et par an. La contamination interne des humains par accident ou par rejet légaux, en est la conséquence majeure sur la santé. Pour mesurer cette contamination on utilise un standard universel appelé « facteur de dose“ qui permet de traduire une “activité radioactive“ exprimée en Becquerels en “dose engagée“ en milli Sieverts. Cette mécanique occulte les effets biologiques de cette contamination surtout en cas de contamination multiple (ce qui est le cas le plus fréquent) et en cas de portes d’entrée multiples, car elle conduit à une simple addition et non à une prise en compte élément par élément, des dégâts pour nos organes. Enfin, on ne tient aucun compte de la prédisposition individuelle à la cancérogénèse, autrement dit de l’existence de groupes à risques. Parler des déchets radioactifs en termes quantitatifs ou physiques ne suffit pas, c’est en terme d’effet sur notre santé qu’il faut les appréhender, donc avec un thermomètre qui ne peut être universel, mais au contraire doit se situer au plus prêt de notre réalité biologique.

Pourquoi Médecine et Guerre Nucléaire revient sur ce sujet ? Pour dire que ces déchets continuent à augmenter ? Que le rapport de la haute autorité de transparence, l’HCTISN, de 2012 aggrave encore les conclusions de 2010 (1), que la quantité de déchets radioactifs finaux, dépassent les 2 Kg par habitant et par an ? Le stock de déchets radioactifs que devra gérer la France à l'horizon 2030 avoisinera 2,7 millions de m3. Deux fois plus qu'à la fin de l'année 2010, selon l’ANDRA.

Il est bon de rappeler cette réalité, mais surtout il est nécessaire d’expliquer le lien avec la santé publique, et très précisément comment on évalue le détriment pour notre organisme secondaire à la contamination interne par ces radionucléides, et quelles sont les dérives actuelles de ce délicat exercice qui transforme les Becquerels mesurant l’activité des déchets en Sieverts mesurant les doses engagées dans notre corps.

Mais tout d’abord, d’où viennent les déchets nucléaires?

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LES DÉCHETS NUCLÉAIRES D'ASSE en Allemagne

LES DÉCHETS NUCLÉAIRES D'ASSE en Allemagne, retournent  à la surface.       

 

Par CLAIRE VAILLE (La gazette nucléaire, Mars 2010)

 

 

L'office fédéral pour la radioprotection et la sûreté nucléaire (BfS), actuel propriétaire de la mine de sel épuisée Asse II (Basse-Saxe), a décidé de ramener à la surface les 126.000 fûts de déchets nucléaires qu'elle contient. La récupération des fûts devrait durer une dizaine d'années, et coûter au moins 2 milliards d'euros, selon une estimation du président du BfS, Wolfram Kônig. NordbertRôttgen, Ministre fédéral de l'environnement, soutient cette décision.

Depuis janvier 2009, le puits d'Asse II, officiellement considéré comme un centre de recherche, et ayant servi de facto au stockage de déchets à faible et moyenne activité (FMA) entre 1967 et 1978, est désormais considéré comme un centre de stockage définitif de déchets radioactifs et dépend donc du droit nucléaire (et non plus minier), sous la responsabilité du BfS.

L'état géologique de la mine pose des problèmes de taille aux experts. En effet, depuis des années 12.000 litres d'eau saumâtre s'infiltrent quotidiennement dans les galeries. Actuellement, I'eau est collectée et évacuée du puits. Cependant, si la quantité d'eau infiltrée venait à augmenter - hypothèse que les experts n'excluent pas - la mine et ses déchets radioactifs pourraient être noyés. Par ailleurs, certaines cavités n'ont pas été correctement remblayées à l'époque de l'évacuation du sel, et sont menacées par un danger d'écroulement. Ainsi, la fermeture du puits est soumise à une forte pression temporelle : il n'est pas envisageable de tenter une solution, et de vérifier dix ans plus tard si elle est appropriée.

Le BfS a, depuis janvier 2009, examiné 3 solutions pour la fermeture du site, aucune n'étant optimale, selon Wolfram Kônig. L'option de récupération des  déchets envisagée actuellement pourrait garantir une sécurité à long terme, exigée par l'état actuel de la loi atomique. Les autres options consisteraient en un déplacement des déchets dans des couches plus profondes de la mine (solution viable à long terme, mais plus coûteuse, longue à appliquer et comportant le risque de ne pas trouver de site approprié) ou un remplissage de la mine par du béton et une solution basique de chlorure de magnésium (solution plus rapide et facile à mettre en oeuvre, car évitant un déplacement des déchets radioactifs, mais ne garantissant pas une sécurité suffisante à long terme, à cause des dégagements radioactifs possibles).

Cependant, les risques liés à l'option de récupération des fûts ne sont pas nuls:  dans un premier temps, il faut vérifier que les déchets radioactifs stockés dans des chambres scellées à 5ll et 750 m de profondeur dans des conditions extrêmement douteuses peuvent être effectivement entièrement récupérés.

La fermeture du site est compliquée par 2 facteurs inconnus: le contenu des fûts et leur état. Il est en effet impossible d'estimer exactement quels déchets sont contenus dans la mine et dans quelle quantité: à côté des déchets liés à I'activité des centres de recherche nucléaire (Karlsruhe, Jùlich) et des centrales nucléaires, les chambres contiendraient 28 kg de plutonium, ainsi que de I'arsenic, du plomb, des pesticides et même des cadavres d'animaux.

Lors de la fermeture du site, les cavités vidées de leurs fûts devraient être remplies de béton, afin de stabiliser la mine. Par ailleurs, l'état des fûts est inconnu. Ainsi, seules certaines chambres de stockage devraient être ouvertes dans un premier temps, afin de récupérer entre 1.000 et 3.000 fûts, sur lesquels le BfS souhaite effectuer des essais et mesurer la réactivité. Si les conteneurs s'avéraient être en plus mauvais état que prévu, leur récupération pourrait être remise en question et d'autres options à nouveau considérées.

Suite à la récupération des fûts, un stockage en surface provisoire des déchets sur le terrain de la mine sera nécessaire, pour tester et traiter les déchets avant de les envoyer dans un site de stockage définitif. Cela représente une dose d'irradiation  supplémentaire pour le personnel qui devra ainsi manier les déchets, mais qui selon Wolfram Kônig demeurerait en des- sous des limites de sécurité. En effet, le BfS estime la dose d'irradiation totale à 900 mSv/an, répartie entre les travailleurs, dont chacun ne recevrait donc qu'une dose bien inférieure à la limite de 20 mSv/an. Une grande partie des travaux devrait être menée par des machines automatiques et dirigée à distance. De plus, toute exposition des riverains serait exclue.

Pendant la planification de la récupération des fûts, le BfS mènera des travaux de stabilisation de la mine. Depuis des mois, les cavités ne contenant pas de déchets sont scellées. Pour le stockage des déchets en provenance d'Asse, le BfS examine la possibilité d'exploiter I'ancienne mine de fer de Konrad à Salzgitter (à 20 km de Asse), qu'il aménage actuellement en site de stockage définitif pour des déchets FMA. Toutefois, l'agrément concernant Konrad ne s'applique qu'à un maximum de 303.000 m3 de déchets. Or le volume des déchets en provenance d'Asse dépasse 100.000 m3. ce qui laisserait peu de place pour une prise en charge des déchets nucléaires jusqu'en 2040. Comme il est prévu, la capacité d'accueil de Konrad devrait être reconsidérée.

La prise en charge des coûts massifs demeure encore incertaine: I'ex-ministre de l'environnement et actuel chef du SPD Sigmar Gabriel brigue une participation des responsables du < scandale d'Asse >, en particulier les propriétaires des centrales nucléaires, à l'origine de deux tiers des déchets d'Asse.